L’aboutissement d’une lente évolution de l’enseignement technique : 1939-1959
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale les formations techniques et professionnelles sont majoritairement sous la tutelle des chambres patronales, le gouvernement de Front populaire n’en fait pas une priorité même si en 1939, il crée les centres de formation professionnelle qui deviendront les centres d’apprentissage. Sous le gouvernement de Vichy, adopte la réforme Carcopino* qui, entre autres, transforme les écoles professionnelles du commerce et de l’industrie en collèges techniques et établit, à
rebours de l’idéologie dominante, une forme de démocratisation de l’enseignement technique et professionnel. La réforme a été de ce fait conservée après la Libération et dès 1944 l’enseignement professionnel a été rattaché au ministère en charge de l’instruction publique. En 1949, les centres d’apprentissage qui préparent au CAP en trois ans à
partir de la classe de fin d’études primaires ou éventuellement de la cinquième (élèves d’au moins 14 ans) sont dotés d’un statut. Il n’est pas envisagé la création d’un baccalauréat professionnel ou technologique, mais un diplôme intermédiaire entre le CAP et le diplôme d’ingénieur est institué sous la forme du brevet de technicien. Les élèves de CAP, issus pour la plupart des classes de fin d’études primaires sont majoritairement d’origine sociale modeste. Plus des trois-quarts vivent dans des familles de salariés, plus de la moitié ont un père ouvriers
*(https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-4-page-91.htm)
A la veille de devenir collèges d’enseignement techniques les cantres d’apprentissage publics sont implantés de manière plus prononcée dans quelques départements urbains et industriels, tels le Nord, le Rhône, les Bouches-du-Rhône ou la Seine-Maritime. Les départements avec un recrutement féminin majoritaire sont plutôt des départements ruraux, à l’exception de la Moselle. et du Rhône
Les données des années 1990-1993 seront insérées ultérieurement. Les autres formations dont les FCIL qui représentent moins de 5000 élèves ne sont pas représentées
Une reconnaissance en plusieurs étapes : 1959-1989
La réforme majeure et globale de l’enseignement primaire et secondaire, promulguée en 1959, la réforme Berthoin, comprend un volet relatif à l’enseignement professionnel du fait de l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans. Les centres d’apprentissage sont remplacés par des collèges d’enseignement technique (CET) qui accueillent des élèves d’au moins 14 ans. L’ouverture des sections technologiques des lycées pour préparer aux baccalauréats technologiques en 1965 contribue en parallèle à la diversification des voies permettant d’accéder au baccalauréat. Les lycées technologiques créés sont progressivement dotés d’annexes professionnelles. Jusqu’à la création en 1969 du Brevet d’études professionnelles pour les élèves sortant de 3° ou de CAP, les CET conduisent presque exclusivement au CAP des élèves issus pour la plupart de familles modestes. L’ouverture du recrutement après la troisième pour l’accès aux BEP élargit le rôle des CET et prépare la généralisation de la poursuite des études après la troisième. La même année la technologie devient une matière dans l’ensemble des classes de 4° et 3° pour aider à l’orientation vers les sections professionnelles. Deux ans plus tard, les classes pré-professionnelles de niveau et les classes préparatoires à l’apprentissage complètent l’offre de formation des collèges afin de proposer une formation aux élèves en grande difficulté scolaire avant l’entrée en collège d’enseignement technique. De fait, ces classes, deviennent des filières de relégation pour les enfants des familles les plus défavorisées. La réforme Haby, 1975, unifie le collège et les classes à dimension professionnelle sont officiellement supprimées, mais pour une part maintenues par dérogation dans certains établissements. En 1976 les CET deviennent lycées professionnels, les BEP et les CAP en 2 ans après la troisième sont développés en remplacement des CAP après la cinquième. Au cours de l’année 1979 la transition vers le lycée est enclenchée. Les jeunes sortant de CAP rencontrent des difficultés croissantes pour s’insérer professionnellement, l’orientation après la cinquième est de moins en moins proposée.
La reconnaissance de l’enseignement professionnel comme voie de formation est proposée à travers la création des baccalauréats professionnels en 1985 : les lycées d’enseignement professionnel deviennent lycées professionnels. La réforme comprend le changement de statut des professeurs et leur intégration dans des corps d’enseignants de lycée.
1989-2020 Développement et banalisation
Depuis la création des baccalauréats professionnels, les différents ministres ont œuvré pour une unification et une banalisation des formations professionnelles en lycée. Les CAP en 3 ans ont disparu progressivement, de même .que la plupart des CAP en 2 ans. Le diplôme du BEP n’a pas été supprimé mais il n’est plus préparé spécifiquement en 2 années à l’issue desquelles les élèves avaient trois possibilités : l’insertion professionnelle, la préparation du baccalauréat professionnel en 2 ans ou l’entrée dans une classe de première d’adaptation pour aller vers un baccalauréat technologique ou général. La réforme du baccalauréat professionnel présentée comme un facteur d’élévation du niveau de formation des jeunes a permis également d’économiser des postes d’enseignants, en réduisant d’un an la durée de formation entre la sortie de troisième et la sortie de terminale : mécaniquement l’effectif scolarisé a baissé lui aussi de près d’un quart ce qui a permis d’accueillir des classes d’âge plus nombreuses à nombre constant d’enseignants. Des économies de personnels administratifs ont aussi été réalisées grâce à la création des lycées des métiers, fusions de lycées professionnels et de lycées technologiques, et des lycées polyvalents, fusions de lycées généraux ou technologiques et de lycées professionnels. Ainsi le nombre de lycées professionnels diminue depuis plus de 35 ans, l’offre d’enseignement ne régresse pas à la même vitesse puisque des sections professionnelles sont maintenues dans les autres lycées.
Des établissements dispersés
Les lycées professionnels sont les établissements de second cycle les plus présents dans l’espace français, y compris dans des petites villes comptant moins de 5000 habitants. Ils sont souvent dans ce cas le prolongement de centres d’apprentissage publics créés dans les années 1950 pour satisfaire une demande locale de main d’œuvre industrielle.
Aujourd’hui ils disposent à la fois de sections spécialisées en fonction des activités locales, montage et réparation des remontées mécaniques en Savoie, métiers de la piscine à Bains-les-Bains, et de sections plus communes notamment dans le domaine des services. Les quatre groupes de spécialités les plus fréquentées accueillent plus de la moitié des élèves et les dix premières plus des trois quarts.
Des origines sociales majoritairement modestes
Les élèves de l’enseignement professionnel sont très majoritairement issus des classes de collège et pour une petite partie d’entre eux des classes de seconde indifférenciées. Dans quelques sections préparant à des métiers d’art il arrive que les élèves soient déjà titulaires d’un baccalauréat général ou technologique, voir d’un diplôme universitaire. Pour eux, la préparation du CAP est une deuxième étape d’un projet professionnel précis qui nécessite la maîtrise conjointe d’une technique de fabrication et d’une culture au service d’une activité de création : costumière de théâtre, luthier, taille de pierre pour la restauration de bâtiments historiques…
Des formations genrées
L’orientation vers l’enseignement professionnel étant encore largement une orientation proposée aux élèves qui ne peuvent accéder aux seconds cycles généraux ou technologiques, elle est davantage le fait des garçons que des filles si ce n’est en CAP en 1 an. Cela explique la présence majoritaire des garçons. Ceci dit ce n’est absolument pas le cas selon les spécialités. Dans les sections de production industrielles ou du secteur du bâtiment et des travaux publics les filles sont ultra-minoritaires, c’est l’inverse dans l’habillement et le textile. Les sections préparant aux métiers du social sont très majoritairement féminines.
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