Redoublement et retard scolaire, des indicateurs abandonnés à l’école primaire

Le redoublement et le grand retard scolaire ne sont plus l’objet principal des débats éducatifs, alors qu’ils le furent au milieu des années 1980. Le retard scolaire découle presque exclusivement des redoublements, pour quelques élèves il résulte d’une scolarisation tardive en raison d’une maladie, d’un handicap ou de l’arrivée en France sans en maîtriser la langue. Alors que le redoublement n’a cessé de diminuer à l’école primaire depuis les années 1960, notamment en raison d’une préscolarisation de plus en plus précoce et donc d’un accès plus large à la langue de l’école, il a fortement augmenté au collège dans les années qui ont suivi la mise en œuvre de la réforme Haby. L’unification du premier cycle par la suppression de la sélection invisible, mais réelle, des élèves du collège par la répartition entre 3 filières (classique, moderne, observation/pratique) n’a pas été accompagnée d’une révision des attentes en matière de résultats. Le redoublement a été la principale réponse aux difficultés des élèves qui étaient précédemment orientés vers les classes d’observation(6°-5°) puis  pratiques (4°-3°) ou celles de collège d’enseignement technique. À l’époque de sa plus forte application le redoublement en primaire a touché jusqu’à 15 % des élèves de CM2 et des classes d’orientation du premier cycle, cinquième et troisième. Au milieu des années 1980, en CM2 plus de 40% des élèves avaient un retard d’au moins un an, et aux environs de la moitié en cinquième (50,8%) et en troisième (47,7%).

retardelementaire190602017source : MEN-DEPP France entière

 

retardcm28590002.pngEn 1985-1986, le retard en CM2 permettait de différencier les espaces de réussite et d’échec scolaire, notamment le taux de grand retard qui dans nombre de départements dépassait 10%. Cinq ans plus tard, le même indicateur avait tant diminué que la carte sans devenir uniforme ne témoignait que de l’existence de quelques poches de grand retard, la Seine-Saint-Denis, la Haute Saône et le Vaucluse. Dans plus de la moitié des départements le taux était inférieur à 5%. Cette évolution ne marquait pas la fin des difficultés scolaires mais l’établissement d’un nouveau rapport au redoublement. Sans doute en raison du constat de l’inefficacité de ce redoublement pour de nombreux élèves mais aussi pour des raisons budgétaires. Du fait de leur retard une partie importante de chaque classe d’âge passait un an de plus à l’école et constituait ce que l’on appelait la sixième classe d’âge de l’école élémentaire, son Référence à l'Atlas1994.pngeffectif avoisinait 350 000 élèves, soit avec des effectifs aux environs de 30 élèves par classe une économie potentielle d’au moins 11 000 à 12 000 postes d’enseignants, le redoublement cause du retard ne pouvant être totalement supprimé.  Le phénomène s’amplifiait au collège, où le redoublement affectait aux environs d’un élève sur 6 ou 7 selon les classes.

Aujourd’hui, pour la France entière,  les élèves en grand retard à l’entrée en CM2 sont moins de 2 000 et ceux en retard d’un an seulement t moins de 40 000. De plus pour une large part ce retard n’est pas dû à l’échec scolaire, mais à une arrivée tardive en France (aux environs de 27 000 élèves allophones en école élémentaire), l’apprentissage du français doit être réalisé avant d’entrer dans les classes ordinaires.

 

 

http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2012/11/06/combien-de-redoublants-dans-les-annees-1960/

L’entrée en sixième au milieu des années 1950

Âge des élèves et retard à l’école, 1960 – 1975

Mise en ligne : 10 Mai 2019  Compléments le 19/12/2019, d

Dernière modification le 10/01/2020

Table des matières   Retour à l’accueil