La répartition des écoles sur le territoire est inégale, elle dépend à la fois des effectifs scolarisables des communes, des stratégies des parents mais aussi de la présence ou non d’écoles privées. Si l’école primaire reste l’un des services de proximité les plus présents dans les communes, depuis une dizaine d’années les fermetures des petites écoles et leur regroupement dans des communes plus importantes ont été accentués. Une première vague de concentration a eu lieu dans le courant des années 1960, dans un premier temps les écoles de filles et de garçons ont fusionné du fait de l’instauration de la mixité. A partir de 1972, le ministère ne publie plus de statistiques sur la non-mixité. Dans un second temps dans la plupart des régions, les écoles de hameaux sont fermées, l’automobile ou les transports scolaires réduisant le temps d’accès aux bourgs. Le regroupement des élèves de ces petites écoles dans des groupes scolaires plus importants permet de libérer des postes d’instituteurs pour les transférer dans les zones urbaines où la croissance démographique est importante.
Jusqu’en 1980, le nombre de classes augmente dans les écoles publiques en raison principalement de l’abaissement progressif de l’âge d’entrée à l’école maternelle qui fait plus que compenser la fermeture des classes de fin d’études entre 1960 et 1975. Parallèlement, il diminue dans la privé, résultat de la fermeture des petites écoles privées rurales et de l’aug-mentation du nombre d’élèves par classe, dans des écoles qui sont de moins en moins rurales. Dans un second temps, la réduction de la natalité puis le moindre recours au redoublement permettent de stabiliser le nombre de classes.
Une réduction progressive du nombre d’écoles
Le nombre total d’écoles ne cesse de diminuer du fait de la poursuite des regroupements aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine et de la fusion de nombres d’écoles maternelles avec les écoles élémentaires contigües. Depuis 2015 le nombre d’écoles privées a augmenté, passant de 5310 à 5703. Cette croissance est due à la création d’écoles hors contrat, dont le nombre a été multiplié par trois entre 2012 et 2020. En conséquence, cela compense la baisse du nombre d’écoles sous contrat due à la fois à la fusion d’écoles urbaines et à la fermetures d’écoles privées rurales.
L’école rurale, une disparition programmée ?
Même si l’école élémentaire reste le service public le plus présent dans les communes françaises, le nombre de communes qui en sont démunies ne cesse d’augmenter. En 2016 près de 13 000 communes n’avaient plus d’école publique du fait des fermetures de classes et de leur transfert dans les Regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI) concentrés aujourd’hui elles sont encore plus nombreuses. Localement, parmi les écoles menacées, les élus décident de n’en garder qu’une seule, généralement dans le bourg le plus peuplé. Le regroupement des classes sur un seul site permet la mutualisation des équipements (informatique, médiathèque…) et de services (garderie, aide aux devoirs, restauration…) et réduit les temps de transports pendant les heures de classe. Par conséquent, tout ce qui faisait la spécificité et l’identité de l’école rurale – classes à cours multiples (plusieurs niveaux sous la responsabilité d’un même enseignant), classes uniques (regroupant tous les élèves de l’école) – tend à disparaître. L’école de la commune n’est
plus l’école communale. Elle devient (au mieux) intercommunale quand les municipalités ne s’en désintéressent pas en se contentant de verser une contribution aux communes d’accueil de leurs écoliers. Le repli est encore beaucoup plus marqué pour l’école privée qui n’est plus présente que dans 3 515 communes.
L’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire à 3 ans, prévue dans la réforme Blanquer, devrait entrainer rapidement la fusion des écoles maternelles et élémentaires, sans que pour autant cela change fondamentalement l’équipement des communes. La présence d’une école maternelle, sans école primaire est un fait rare en France, elle n’est constatée que pour 103 communes dans le public, et presque toujours dans le cadre de regroupements pédagogiques intercommunaux, et pour 39 communes dans le privé.
A terme, le nombre d’écoles devrait encore se réduire, de nombreuses écoles ont désormais moins de 4 classes y compris dans les grandes agglomérations et font l’objet de regroupements et de fusions sans que pour autant l’offre scolaire en nombre de classes ne diminue. Même si le gouvernement a promis de ne plus fermer d’écoles sans l’accord des maires, ceux-ci agissent de plus en plus pour la disparition des écoles à classe unique. Ce terme désignait à l’origine les écoles dans lesquelles les élèves de tous les niveaux, de la section enfantine à celle de fin d’études primaires étaient regroupés dans une seule classe et y effectuaient toute leur scolarité. C’était une des spécificités de l’école rurale. Depuis quelques années la catégorie école à classe unique comprend également les écoles élémentaires ou maternelles des regroupements pédagogiques intercommunaux dispersés ne disposant que d’une classe, que celle-ci soit à plusieurs niveaux ou non. De ce fait sont considérées comme écoles à classe unique des classes qui ne constituent d’un des éléments du RPI. Le nombre d’écoles à classe unique agglomère dans une même catégorie deux types de réalité pédagogique. Les regroupements sont motivés par la nécessité de favoriser le travail en équipe.
La création des établissements scolaires du socle fondamental initialement contenue dans la loi de l’école de la confiance aurait dû accélérer la réduction du nombre d’écoles et donc de postes budgétaires de directeurs et donc de décharges pour direction ; la coordination cycle élémentaire/premier cycle du second degré étant assurée par un principal adjoint en charge de l’élémentaire. A masse salariale égale, plus d’enseignants auraient ainsi eu un plein temps en face des élèves. Le projet a été abandonné à l’automne 2019. Cela aurait aussi conduit à une transformation de l’architecture même du système éducatif puisque écoles et collèges n’auraient plus constitué deux types d’établissements séparés et que la distinction élémentaire secondaire n’aurait plus été opératoire.
La DEPP ne diffuse plus le nombre d’écoles élémentaires à classe unique depuis la rentrée 2018 cf. la réponse Parade n° 7121 à nos « Demandes complémentaires » reçue le 31/12/2019 : Suite à votre demande par mail du 23/12/2019, concernant le nombre d’écoles publiques je vous informe que la DEPP n’a pas le détail du nombre d’écoles publiques à classe unique. Mais après demande spécifique il a été possible de disposer de données pour l’ensemble des écoles maternelles et élémentaires publiques Réponse Parade 7448 du 18/05.
La disparition de cette information indique que ce n’est plus un sujet de vigilance de la part du ministère. Alors que leur nombre est encore supérieur à celui des écoles hors-contrat elles ne sont plus visibles ; à l’inverse le tableau des écoles privées comporte depuis l’édition 2021 la répartition des écoles privées par type de contrat avec pour date de début des observations 2012 (tableau 2.1 de RERS 2021).
A consulter. https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/09/29/egalite-des-chances-les-inegalites-educatives-territoriales-ne-sont-pas-uniquement-celles-que-l-on-croit_6054004_3224.html?xtor=EPR-33281056-%5Beducation%5D-20200929-%5B_titre_4%5D
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Mise en ligne : 10 Mai 2019, mises à jour 18/05/2019 et 04/08/2021