La mixité sociale à l’école : une actualité seulement cinématographique ?

Au printemps 2019, à l’occasion de la sortie de « La lutte des classes », film de Michel Leclerc, acteurs et réalisateur ont été sollicités par de nombreux médias de la presse écrite et audiovisuelle pour venir présenter ce film. Le scénario est fondé sur les questions que se posent des parents à propos  des identités des élèves que leur fils fréquente dans l’école publique où ils l’ont inscrit. À la suite du départ de camarades issus du même milieu que lui pour une école privée, il se retrouve un des seuls enfants de classe moyenne parmi des enfants dont les parents sont en situation de pauvreté, de précarité. Notre propos ne sera aucunement une analyse de ce film, ni une mise en cause du parti pris par le réalisateur, nous souhaitons seulement permettre à des spectateurs qui souhaiteraient en savoir plus sur l’état de la mixité sociale à l’école de prendre connaissance de l’état des lieux et de prendre en compte quelques éléments de questionnement et d’information sur la composition sociale des établissements et des classes.

Une question qui n’est pas nouvelle

L’invocation de la mixité sociale est arrivée dans le champ des sciences humaines en France, au début des années 1990 via la politique de la ville et sa déclinaison pour les politiques publiques d’éducation (création des ZEP). Malgré des emplois fréquents l’expression mixité sociale n’est que rarement définie, elle renvoie à la fois à un état du peuplement (la présence dans un même de personnes aux caractères sociaux différents), à un objectif supposé favoriser le bien-être des habitants et la concorde des populations une fois atteint et à des dispositifs destinés à favoriser la réalisation de l’objectif (Toubon, 1989; Topalov, 1992). De manière générale elle consiste en la  présence sur un même espace de personnes appartenant à des  groupes sociaux aux caractéristiques différentes. Pour autant, la modalité de la présence de ces personnes n’est pas réellement caractérisée : co-présence ? Co-habitation ? Concurrence ? Compétition ? Conflit ? Par ailleurs, le fait d’employer ce terme à propos des jeunes présents dans les écoles et établissements scolaires, élude la question du statut et de l’identité des élèves;  comment établir le lien entre statut social des parents et identités des enfants, sauf à les assimiler à des enfants de  et à considérer qu’ils sont de facto pourvu des mêmes caractères que leurs parents ? La mixité a été présentée plus comme une valeur à atteindre qu’un concept scientifique stricto sensu. Reste aussi pour le géographe à délimiter les espaces de référence permettant de constater ou non la mixité sociale.

Dans le cas de l’école ou de l’établissement secondaire, on peut évaluer la mixité en fonction de l’effectif total, qui correspond plus ou moins à la population du secteur de recrutement, diminuée des évitements et augmentée des  dérogations. Mais le fait que la mixité soit atteinte pour l’effectif total peut dissimuler des variations importantes entre les différentes formations et parfois même entre les différentes classes d’une même formation, c’est très souvent le cas lorsque l’établissement dispose de plusieurs LV1 ou de sections européennes ou internationales, ou lorsqu’un lycée polyvalent héberge des baccalauréats professionnels, des baccalauréats S et des classes préparatoires. Les profils sociaux des classes sont très différents.

 

Le secteur scolaire de référence WD182EDUCATIONPRIORITAIREECOLESCSP17.pnga une influence importante sur les caractères sociaux de l’établissement. Les collèges classés en REP+, souvent im-plantés dans des quartiers de la politique de la ville, ont ainsi presque deux fois plus d’élèves issus de familles défavorisées et quatre fois moins de familles favorisées que les établissements WDPROFILCOLLEGEShors éducation prioritaire.

L’écart est encore beaucoup plus important avec les collèges privés ou certains établissements publics de centre ville. Un peu plus de 5% des collèges privés ont un recrutement majoritairement défa-vorisé, la proportion est de plus de 22% dans le public.

 

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