Une situation qui s’améliore dans les îles à l’exception de Mayotte
Les académies d’outre-mer abritent moins de 40 000 lycéens et moins de 5 000 apprentis chacune, ce sont donc de petites académies (1,5 millions d’élèves dans l’académie de Versailles). Elles ne sont plus dans une situation aussi homogène que par le passé. Guadeloupe, Martinique et Réunion ont pour certaines filières du baccalauréat, notamment du bac général, des résultats qui se rapprochent même de ceux constatés dans les académies d’Amiens, de Créteil ou de Corse. A l’inverse, La Guyane et Mayotte restent pénalisées par leur situation particulière de porte d’entrée pour l’immigration respectivement depuis le Brésil et le Surinam ou les Comores. En Guyane, par exemple, la proportion d’étrangers et si élevée dans la population scolaire du fait de l’immigration clandestine que pour une part importante des élèves l’enseignement est assuré dans une langue étrangère.
Les moyens mis en place sont importants y compris par une plus forte présence de l’éducation prioritaire qui nécessite des moyens financiers et humains supplémentaires. Mais en Guyane le manque d’ensei-gnants ne permet pas de mettre vraiment en place des moyens supplémen-taires, les démissions sont fréquentes.
Une réduction des écarts ambigüe
Dans les DOM les taux de redoublements se rapprochent de ceux de la moyenne nationale après avoir été longtemps inférieurs. De même les orientations de fin de troisième suivent une évolution identique à celle de la moyenne des académies françaises. Les orientations conservent cepen-dant une légère différence de structure, le taux de passage en seconde générale ou technologique est toujours légèrement inférieur à celui de la métropole, alors que le taux de passage en seconde professionnelle est toujours légèrement supérieur. Au total, les élèves des DOM restent davantage dans les établissements secondaires après la troisième, signe d’une plus grande efficacité du système éducatif ou absence de solutions alternatives dont l’apprentissage ?
Une plus forte proportion de nouveaux diplômés professionnels que dans le reste de la France
Une partie de l’écart entre les îles des Antilles et la métropole a été comblée en matière d’offre de diplômes. En Guyane et à Mayotte la part des diplômes de niveau V reste plus importante. Les diplômés du BEP repré-sentent encore un quart des lauréats chaque année, la part des bacheliers géné-raux est inférieure d’un tiers à celle constatée en métropole.
Le clivage social guyanais
Le rapport à l’école des parents et de leurs enfants est fortement lié à leur intégration écono-mique et culturelle. En Guyane, plus de 40 % des élèves de certaines filières de lycées professionnels sont d’origine étrangères, tout comme 50 % des élèves de 3e d’insertion de Cayenne. Selon le rectorat, en 2008, la moitié des élèves du bassin éducatif de Cayenne étaient issus de familles défavorisées ; ils étaient 58 % dans celui de Kourou, proche de la moyenne guyanaise (60 %) ; 80 % dans celui de l’Ouest (autour de Saint-Laurent-du-Maroni) ; et, situation extrême, presque 90 % des enfants scolarisés vivant aux environs des fleuves vivaient dans une très grande pauvreté.
Les profils de la population scolaire sont très différents entre la métropole et les DOM. La part des enfants issus de familles défavorisées et notamment des inactifs en âge de travailler est en moyenne voisine de 40% (moins de 10% en métropole), elle atteint plus de 60% pour les élèves de CAP. Les constats seraient encore plus contrastés si l’on pouvaient disposer des données par établissement. Leur localisation géographique et leurs caractéristiques (publics ou privés, généraux et technologiques ou professionnels) déterminent fortement les profils d’élèves qu’ils scolarisent. Si un tiers de ceux du lycée général et technologique Félix Éboué de Cayenne (1 400 élèves) étaient de milieu défavorisé, ils étaient 80 % au lycée professionnel de Saint-Laurent-du-Maroni II (900 élèves). En plus des enfants des élites locales, le lycée de Cayenne scolarise ceux des fonctionnaires métropolitains en poste dans la capitale régionale. Celui de Saint-Laurent du Maroni accueille nombre d’enfants venus avec leurs parents du Surinam, situé de l’autre côté du fleuve Maroni. Dans les faits, cela se traduit par des taux de réussite très différents au baccalauréat.
Guyane et Mayotte, le cumul des difficultés
Mayotte, département fran-çais depuis peu, cumule les difficultés y compris en matière scolaire, c’est pour cela qu’un rectorat de plein exercice y a été créé récem-ment. Avec la Guyane c’est un des deux départements-académies très défavorisés à la fois par le contexte socio-économique et par l’organisation même de l’enseignement. Ce sont les deux départements les plus démunis en enseignants titulaires du premier et du second degré. Les vacataires représentent près du tiers des enseignants du second degré en Guyane et presque la moitié à Mayotte. Pour le premier degré la proportion d’enseignants non titulaires est certes moins forte, respectivement 11% et 23% mais bien supérieure à la moyenne nationale de 0,5%. Le corps enseignant, qui n’est pas issu d’un vivier local n’y est pas stabilisé, la rotation est d’autant plus rapide que les enseignants sont souvent confrontés à de grandes difficultés sur le terrain non seulement en matière d’enseignement mais aussi de logement, de vie sociale…
Pages avec une thématique proche
Le financement de l’éducation en France
Les besoins et les moyens, édition 2010
La répartition régionale des baccalauréats
Que traduisent les spécialisations régionales du baccalauréat ?
Mise en ligne : 10 Mai 2019 Complété et mis à jour 20/12/2019
Table des matières Retour à l’accueil