Des origines sociales des élèves du secondaire relativement stables depuis 15 ans
Les données relatives aux origines sociales des élèves du secondaire, ne sont disponibles dans le détail qu’à partir de l’année scolaire 2004-2005. Pour l’enseignement primaire, il n’y a pas de collecte fiable de cette information. On peut faire, sans prendre trop de risques, l’hypothèse que la classe de sixième reflète globalement la composition de la population soumise à l’obligation scolaire à l’exception des jeunes de 10-11 ans inscrits dans un établissement médical. Entre 2004 et 2009, la part relative des enfants nés dans les familles favorisées a légèrement augmenté puis est restée quasi stable jusqu’en 2015, depuis elle régresse très légèrement. Dans le même temps la composition du groupe des enfants issus des familles les moins favorisées s’est progressivement modifiée, particulièrement au cours des deux dernières années, la proportion d’enfants d’ouvriers diminue alors que celle de ceux qui vivent dans des foyers dont la situation de la personne de référence est inconnue augmente. Cette dernière catégorie résulte de l’incapacité à obtenir une réponse précise de la situation professionnelle du père ou de la mère. Il s’agit principalement d’enfants vivant dans des familles en situation de grande précarité.
Si la réussite scolaire, si les ambitions des enfants et des parents, si l’orientation étaient indépendantes de l’origine sociale des enfants, les élèves des différentes classes, des différents cycles devraient être répartis de la même façon que dans ce premier graphique. Il en est pourtant tout autrement.
Un premier déséquilibre : enseignement général / enseignement adapté
La composition sociale est inversée entre les deux types d’établissements à l’entrée dans le premier cycle : en sixième générale, les enfants issus des groupes aisés constituent aux environs de 40% des classes et les groupes défavorisés moins de 40%, moins de 20% des élèves de SEGPA vivent dans des familles aisées et plus de 60% d’entre eux dans des familles défavorisées. L’orientation vers l’enseignement adapté se fonde tout autant sur les handicaps sociaux que sur les handicaps comportementaux, cognitifs ou psychologiques.
Un deuxième déséquilibre : enseignement général / enseignement professionnel.
La composition sociale des classes est également fortement différenciée selon les cycles. Dans le premier cycle, de la sixième à la troisième, elle reflète à quelque chose près la population de la classe d’âge, si l’on fait abstraction du premier constat. En troisième, la part des enfants des groupes aisés est légèrement plus forte que dans les classes précédentes du fait du décrochage scolaire, davantage pratiqué par les enfants des familles défavorisées. Dans les seconds cycles, les écarts avec la population scolaire générale sont marqués dans des sens opposés. Les classes conduisant aux baccalauréats généraux ou technologiques artistiques (métiers de la danse ou de le musique) attirent majoritairement des enfants de familles aisées, alors que les formations professionnelles attirent d’autant plus d’enfants issus de familles défavorisées qu’elles sont courtes. Les enfants d’inactifs, d’ouvriers ou dont on ne connaît pas la situation professionnelle des parents passent d’environ 38% en troisième générale, à 50% dans les classes préparant au baccalauréat professionnel et à plus de 60% dans celles de CAP en 1 ou 2 ans. Seules les classes de première et terminale technologiques ont une composition sociale peu différente de celle du premier cycle.
Un renforcement de la sélection au fil des cycles
Dans toutes les formations, la part des enfants vivant dans des familles défavorisées diminue en fonction de la durée des études (CAP2ans/Bac Pro) et à l’intérieur même des formations (1° à 3° année).
Des déséquilibres régionaux reflets des contextes locaux.
L’exemple de l’enseignement professionnel
Les enfants des familles composant les groupes défavorisés inscrits dans un établissement d’enseignement secondaire professionnel sont majoritaires dans presque tous les départements, alors qu’ils représentent moins de 40% de chaque classe d’âge. Leur part relative est beaucoup plus forte dans les anciennes régions de tradition industrielle que dans les régions où l’artisanat et les PME fournissent une grande part de l’emploi. Dans les régions de plus forte implantation de l’enseignement privé (Grand Ouest, diagonale Gironde/Haute Savoie) la part des enfants défavorisés est plus proche de leur poids démographique. La présence d’une double offre d’enseignement secondaire réduit les effets de la sélection sociale, alors même que le recrutement des établissements privés est socialement moins représentatif de la population scolarisable, les groupes aisés y sont surreprésentés.
Un recrutement social plus favorisé dans le privé
(Graphique réalisé selon la nomenclature en 4 catégories retenue par le Ministère)
Le processus de sélection sociale à l’œuvre au fil des cycles est encore plus marqué dans l’enseignement privé que dans l’enseignement public quelle que soit la formation suivie. Les enfants des familles aisées y sont majoritaires dans le premier cycle et dans les seconds cycles d’enseignement général et technologique. Leur part est supérieure au moins de moitié à celle constatée dans le public, le phénomène est légèrement atténué dans les classes de premières et terminales générales (un peu plus d’un tiers en plus).
Depuis 2020, le Ministère ne diffuse plus de données sur les origines sociales niveau par niveau, que ce soit pour le public ou pour le privé. La mise à jour nécessite de travailler à partir de la base élèves ( plus de 5 000 000 de lignes dans le fichier) nous avons reçu en juin 2021une demande positive pais partielle à notre demande de ces données. Le travail d’agrégation des données réparties sur 12 fichiers pour respecter les capacités de notre tableur prend du temps.
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Mise en ligne le 06/11/2019 mise à jour le 29/07/2021