L’éducation prioritaire, plus de 35 ans de relance et de refondation

En 1981, pour la première fois un ministre de l’Éducation nationale proposait de ne plus considérer que l’égalité était respectée dans l’organisation du système éducatif et que de fait des écoles et des établissements secondaires étaient confrontés à des difficultés particulières. Le slogan qui résumait la mise en place de moyens supplémentaires humains et financiers pour améliorer la réussite des élèves était « donner plus à ceux qui ont moins ». Le développement de l’éducation prioritaire et son association avec la politique de la ville visait à développer les partenariats entre services de l’État, collectivités territoriales, caisses d’allocations familiales et associations.

Le développement de l’éducation prioritaire n’a été  effectif que pendant deux périodes, celle du lancement de 1982 à 1995, puis sous le gouvernement Jospin en 1998 et 1999. Depuis les différentes réformes, indépendamment des objectifs fixés n’ont pas significativement modifié  les périmètres d’intervention.

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Plus de 35 ans plus tard après leur adoption, les mesures dérogatoires sont toujours en place, indépendamment des relances et des refondations, le nombre  de collèges labellisés éducation prioritaire, porteurs des dispositifs (ZPR/RAR_RRS/REP+/ECLAIR) n’a pas significativement diminué, si ce n’est  au début des années 2000 pendant le quinquennat de M. Sarkozy. Le nombre d’écoles est stabilisé depuis la fin des années 1990. La proportion d’élèves en difficultés scolaires ne varie guère en dépit de la variations des indicateurs retenus pour les mesurer (retard scolaire, résultats des évaluations). Les dispositifs, s’ils permettent d’éviter ou de réduire le décrochage scolaire ou s’ils augmentent l’espérance de vie scolaire, ne peuvent à eux seuls compenser les inégalités devant l’école qu’induisent les différences socio-culturelles, les identités locales. Les modalités d’intervention chWD1255EVOECOLESCOLLEGESEDUCPRIORITAIRE.pngangent de logique; la territorialisation a été abandonnée en 2002 au profit de l’aide individualisée,  désormais l’objectif est l’inclusion scolaire. Cependant en plus de trente ans, l’échec scolaire n’a pas régressé : violence, décrochage, absen-téisme continuent de com-pliquer les cursus scolaires et l’insertion professionnelle de ces quartiers touchés plus tôt, plus durement et plus longuement par les crises économiques.

 

L’analyse de la présence de l’éducation prioritaire à l’échelle académique ne permet de rendre compte véritablement que des inégalités entre les départements métropolitains et les autres à l’exception de la Guadeloupe.  Ainsi en GuyaneREPCOLLEGIENS2017 presque tous les établissements scolaires relèvent de l’éducation prioritaire et la totalité à Mayotte, qui du fait de sa départementalisation récente est encore sous-équipé et dont la population adulte est très peu diplômée. L’éducation prioritaire est aujourd’hui un dispositif territorialisé, constitué par les REP et REP+, sur des espaces réduits circonscrits au secteur scolaire d’un collège. Dans les premiers temps  il pouvait asso-cier deux voire trois collèges et même des lycées. Les zones d’éducation prioritaires sont  présentes principalement dans des quartiers relevant de la politique de la ville, ces quartiers où sont concentrées les popu-lations en difficulté ou grande difficulté ACAREP2017socio-économiques.

Néanmoins d’autres secteurs scolaires peuvent bénéficier de ces dispositifs y compris dans les zones rurales, où, rappelons-le, les emplois ouvriers peu qua-lifiés sont également nombreux. Sept académies concentrent plus de la moitié des REP et REP+, celles de Lille, Créteil, Aix-Marseille, Guyane, La Réunion, Versailles, Lyon.

 

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La concentration des difficultés scolaires peut aussi être perçue à travers la proportion d’écoles et de collèges en REP. Ce sont les académies les plus urbanisées et insulaires qui ont relativement le plus d’établissements en édu-cation prioritaire (absence de données pour la Guyane) et compte tenu des critères retenus pour définir les REP, les aca-démies rurales ont les plus faibles proportions.

Des fractures socio-économiques aux fractures scolaires

Les collèges classés REPEDUCATIONPRIORITAIREECOLESCSP17 sont implantés dans les quartiers ou les communes dont la population est confrontée à de grandes difficultés économiques et sociales.  Les indicateurs retenus pour leur classement sont les forts taux de chômage, la proportion de bénéficiaires des minima sociaux et les pourcentages de familles monoparentales ou d’origine étrangère. 60% des collèges ECLAIR sont concentrés dans les académies des DOM, d’Aix-Marseille, de Lille de Versailles et de Créteil.

 

Mise en ligne : 10 Mai 2019, Ajout et mise à jour du 19/12/2019. Dernière modification 07/01/2020

 

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