La réussite au baccalauréat, des inégalités locales très fortes

xybacfrance2017

La réussite aux baccalauréats reflète plus les différences de contextes et d’aires de recru-tement des lycées que l’ef-ficacité de leurs équipes péda-gogiques. À l’image de la dif-férenciation sociale des quar-tiers, les lycéens des établis-sements de centre-ville réus-sissent tous ou presque, quand ceux des lycées situés dans les périphéries de grands ensembles échouent en plus grand nombre. Les communes de Marseille, Cayenne et Dijon sont des exemples représentatifs de la diversité du paysage scolaire français

 

Marseille, Dijon et Cayenne, 3 contextes de réussite très différents

En France, la part des personnes de plus de 15 ans non scolarisées et non diplômées est  importante : elle avoisine les 20 %. Dans certaines communes de Guyane, elle culmine à 80% voire à 90 %. À l’opposé, on trouve les communes les plus diplômées de France : Saint-Nom-la-Bretèche, Villennes-sur-Seine (au nord de Poissy), Bailly et L’Étang-la-Ville (au nord-ouest de Versailles) ou encore Cernay (au sud-est de Saint-Rémy-lès-Chevreuse) par exemple, dans les Yvelines, où les plus de 15 ans non diplômés ne sont que 6 %. Avec respectivement 15%, 25% et 45 % de leurs habitants de plus de 15 ans non diplômés, Dijon, Marseille et Cayenne révèlent la diversité des contextes économiques et sociaux français.

À l’échelle des quartiers et des secteurs scolaires, les disparités sont tout aussi accentuées : dans les lycées publics de centre-ville, Carnot et Charles De Gaulle à Dijon et Thiers à Marseille, ou dans les lycées généraux privés, Sainte-Bénigne, Saint-Joseph et Notre Dame, presque tous les élèves obtiennent le baccalauréat, et plus de la moitié avec une mention.

 

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Figures ci-dessous extraites de l’édition imprimée de 2010, cartographie de Donatien Cassan

MONATGEDIJONMARSEILLE.pngEn 2008, ils étaient seulement un sur deux au lycée Belsunce  (dans le quartier de la Joliette, près du port autonome de Marseille) dont les sections générales ont fermé depuis. Entre 2012 et 2017 un élève sur deux du lycée Yavné a obtenu le diplôme, aux environs de trois sur quatre parmi les élèves des lycées V. Hugo ou D. Diderot ont réussi et plus de 95% au lycée Lacordaire. Ces écarts reflètent les profils sociaux de la population scolaire. Avec 70 % de plus de 15 ans non diplômés, le quartier de la gare Saint-Charles de Marseille contraste avec celui des Boucles Périers, dans le VIIIe arrondissement, où ils ne sont que 5 %. Ce dernier, proche des plages du Prado, est le quartier traditionnel de résidence de la grande bourgeoisie industrielle marseillaise. On y trouve des lycées dont les élèves obtiennent très majoritairement le baccalauréat avec une mention de niveau élevé à l’inverse du lycée Victor Hugo, près de la gare Saint-Charles, dont le taux de réussite au bac, légèrement inférieur à 70 % en 2008, est en moyenne de 70,8% sur la période 2012-2017.

Le clivage social guyanais

Le rapport à l’école des parents et de leurs enfants est fortement lié à leur intégration économique et culturelle. En Guyane, plus de 40 % des élèves de certaines filières de lycées professionnels sont d’origine étrangère, tout comme 50 % des élèves de 3e d’insertion de Cayenne. Selon le rectorat, en 2008, la moitié des élèves du bassin éducatif de Cayenne étaient issus de familles défavorisées ; ils étaient 58 % dans celui de Kourou, proche de la moyenne guyanaise (60 %) ; 80 % dans celui de l’Ouest (autour de Saint-Laurent-du-Maroni) ; et, situation extrême, presque 90 % des enfants scolarisés vivant aux environs des fleuves subissaient la pauvreté.

Les profils de la population scolaire varient fortement selon les établissements. Leur localisation et leurs caractéristiques (publics ou privés, généraux et technologiques ou professionnels) sont directement liées aux types d’élèves qu’ils scolarisent. Si un tiers de ceux du lycée général et technologique Félix Éboué de Cayenne (1 400 élèves) sont de milieu défavorisé, ils sont 80 % au lycée professionnel classé en ZEP Saint-Laurent-du-Maroni II (900 élèves). En plus des enfants des élites locales, le premier scolarise ceux des fonctionnaires métropolitains, résidant dans la capitale régionale. Le second accueille nombre d’enfants venus avec leurs parents du Surinam, situé de l’autre côté du fleuve Maroni. Dans les faits, cela se traduit par des taux de réussite très différents au baccalauréat.

Le lycée, en tant que structure d’enseignement, réduit peu les écarts initiaux dus aux origines sociales. Les enfants de chômeurs, d’inactifs et de travailleurs pauvres accèdent moins souvent et moins facilement au diplôme que ceux des salariés plus qualifiés, mieux payés et plus instruits.

La répartition régionale des différents types de baccalauréat

Le poids des origines sociales dans la réussite au baccalauréat

Mise en ligne : 10 Mai 2019                        Dernière modification 10/01/2020

 

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