La réouverture d’écoles publiques dans les communes de Loire-Atlantique où elles ont été fermées au milieu du XX° siècle.
A première vue on pourrait considérer que l’offre scolaire dans le département de Loire-Atlantique ne pose pas de problème. A l’exception des départements dont toutes les communes sont urbaines ou dont la population communale moyenne est élevée, la Loire-Atlantique est le seul département métropolitain avec au moins une école (qu’elle soit publique ou privée) dans chaque commune. Ceci dit en 2016, 15 communes restaient encore sans école publique, elles avaient toutes moins de 1500 habitants (moyennes de 863 habitants pour la population totale et de 205 pour celle des moins de 15 ans). Deux fois plus de communes sont sans école privée dont une de plus de 5000 habitants.
Population communale et absence d’école en 2015
Comme dans le reste de la France le nombre d’écoles diminue. Pour l’enseignement public cela résulte princi-palement du regroupement de l’école maternelle et de l’école élémentaire, ou de deux écoles au sein d’une même unité administrative. La diminution du nombre d’écoles est beaucoup plus rapide pour l’enseignement catholique. Cette diminution du nombre d’écoles n’a pas pour autant d’impact sur la présence de l’école dans les communes. Chaque année depuis le début des années 2000, au moins une commune retrouve son école publique[2].
L’offre d’écoles publiques est net-tement supérieure à celle de l’enseignement catholique, dans de nombreuses communes, sur-tout dans les zones urbaines. Les parents disposent d’une école maternelle et d’une école élé-mentaire publique, dans les zones rurales l’ensemble des classes est regroupé dans une école primaire avec sections enfantines. L’ensei-gnement catholique ne dispose pour la Loire-Atlantique que d’une seule école maternelle, toutes les autres écoles sont des écoles primaires avec classes enfantines.
Un dynamisme fondé sur l’augmentation de la population jeune.
La croissance de la population jeune est plus rapide en Loire-Atlantique que dans le reste de la France, presque un sixième en une douzaine d’années. Dans le même temps l’école publique accueille une part croissante de la population scolarisable, de manière encore plus forte à l’école maternelle qu’à l’école élémentaire.
Cette croissance est d’autant plus remarquable que la réduction de l’accès à l’école maternelle pour les moins de 3 ans a été particulièrement vive. Le nombre d’enfants scolarisés à 2 ans (public et privé confondus) est passé de 5 700 à un peu moins de 2 000 en 3 ans.
L’école publique accueille plus de la moitié des élèves fréquentant une école de la commune dans plus de 80% des cas et plus des deux-tiers dans 35%. L’école publique est absente dans 15 communes et l’école privée dans 28 d’entre elles.
La contribution de l’école publique à la scolarisation dans la commune correspond au nombre d’élèves fréquentant une école publique dans une commune rapporté au nombre total d’élèves fréquentant les écoles de la commune
Une uniformisation de l’offre mais avec des disparités des résultats
La tendance à l’uniformisation de l’offre scolaire ne s’accompagne par pour autant d’une homogénéisation des résultats scolaires. Les évaluations réalisées en CM2 montrent la persistance d’inégalités à tous les niveaux territoriaux de la région à l’infra communal. Les élèves de Bretagne et dans une moindre mesure de Loire-Atlantique réussissent mieux les tests, ce qui est également constaté pour les résultats au baccalauréat, que ceux d’autres régions. L’on y retrouve ici les effets d’une préscolarisation précoce, plus forte que dans beaucoup d’autres régions de France, mais aussi sans doute, le fait que les parents s’impliquent davantage dans le suivi scolaire de leurs enfants et dans la vie associative autour de l’école.
© Caro-Rouault
Atlas des Fractures scolaires,
Autrement, 2010
L’on ne peut pour autant en conclure que l’échec et les difficultés scolaires sont absentes de ces deux régions, les écarts restent importants entre les écoles de centre-ville et celles des quartiers périphériques des grandes agglomérations, notamment ceux classés en politique de la ville et/ou en éducation prioritaire.
Des écoles inégalement soutenues par les mairies
Même si l’on ne dispose pas de sources nombreuses sur le financement par les communes du fonctionnement des écoles pour la Loire-Atlantique, on peut penser que comme dans les autres départements, les écarts intercommunaux sont importants. Par exemple les dotations par élève pour les fournitures scolaires inscrites dans les procès-verbaux de délibérations des conseils municipaux vont de moins de 40 euros à plus de 60 euros (années 2014 ou 2015). Dans une commune s’ajoutent aux 52 euros de fournitures scolaires, des aides pour chaque élève inscrit pour les activités uniquement extrascolaires (42,00 €) les activités d’initiation musicale (22,40 €) et les activités sportives et autres (12,40 €), soit un total de 128 euros. Il serait être intéressant de mener une enquête beaucoup large sur le financement des activités scolaires et périscolaires par les municipalités.
Des réouvertures imposées par les parents d’élèves
Toutes les réouvertures d’écoles dans les communes ont été réalisées du fait de la demande de parents d’élèves qui souhaitaient scolariser leurs enfants dans une école publique. Pour cela ils se sont constitués en association, ont revendiqué l’application qde la loi qui garantit le choix de l’école. Dans la plupart des cas, dans un premier temps, les parents se sont heurtés à une résistance des conseils municipaux et des habitants dont les enfants fréquentent l’école privée. Ils se sont donc constitués en association. Ils ont dû prouver que suffisamment d’enfants fréquenteraient l’école pour assurer la composition de trois classes. En Loire-Atlantique, la Direction départementale de l’Éducation nationale ne souhaitant pas conserver de petites écoles pour éviter l’isolement des enseignants et favoriser le travail en équipe. Dans quelques cas les associations ont dû solliciter l’appui des inspecteurs départementaux de l’Éducation nationale, voire du sous-préfet pour rappeler aux maires leurs obligations et obtenir gain de cause. Dans la très grande majorité des réouvertures, au bout de 2 ou 3 ans un agrandissement a été nécessaire, si le projet initial ne comportait pas de classes en réserve.
Ces parents qui ont initié ces actions collectives étaient le plus souvent, des néo-résidents, venus s’installer dans les lotissements récents ou ayant réinvesti un bien familial à la suite d’un héritage, d’une donation. ll s’agit de couples de biactifs, très souvent diplômés du supérieur, exerçant un emploi intermédiaire ou supérieur dans le domaine des services et majoritairement dans l’éducation, la santé, l’accompagnement social, comme le montre l’enquête réalisée pour les communes de Marsac sur Don ou de Saint-Hilaire de Clisson. Dans cette commune périurbaine en plein développement pavillonnaire à une trentaine de kilomètres au sud-est de Nantes, la croissance de la population scolaire a été rapide. L’ouverture de l’école publique a permis la scolarisation de plus de 80 élèves, dans 3 classes la première année. En 2019-2020 cinq classes accueillent 106 élèves. . école Simone Veil – Saint-Hilaire de Clisson
C’est un exemple d’évolution de la carte scolaire résultant d’actions collectives par des parents qui s’approprient la question scolaire qui montre que la présence d’un service public de base, n’est parfois possible que parce que les usagers se mobilisent. Ainsi en Loire-Atlantique, désormais le nombre de communes dépourvues d’écoles publiques est inférieure à la douzaine, nombre légèrement inférieur à celui des communes sans école privée. Nouvelle école publique de Tréffieux
Le texte et les documents, à l’exclusion des photographies, sont extraits du rapport rédigé par Rémi Rouault dans le cadre d’une convention avec le CDAL de Loire-Atlantique en 2016. La plupart des données datent de 2014 ou 2015 ne feront donc pas l’objet d’actualisation, elles n’ont d’autre vocation que de témoigner du contexte d’un processus observé à un moment donné. Néanmoins l’engagement des parents pour des réouvertures d’écoles est toujours d’actualité.
Mise en ligne : 10 Mai 2019 Dernière modification 06/05/2020
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