Éducation et Fractures scolaires : questions de géographes

u

logo009CouvertureL’ouvrage publié le 26 mai 2022, avec le soutien du laboratoire ESO UMR 6590, envisage les rapports entre éducation et scolarisation en 7 chapitres plus un ensemble de questions qui restent en suspens du fait de l’absence de données détaillées librement accessibles. Il prolonge pour partie les constats et analyses de l’Atlas des fractures scolaires publié en 2010 par les éditions autrement. Douze ans après, ceux-ci restent valides pour l’essentiel malgré les multiples réformes menées par les gouvernements successifs. La réussite et l’échec scolaires restent fortement liées aux origines sociales des élèves. En conséquence, les angles d’approche ont été diversifiés et la question du sens du mot éducation, présent dans l’intitulé du  ministère a été discuté dans la mesure où malgré l’ancienneté de l’appellation Ministère de l’Éducation nationale (elle date de 1932), les débats portent presque exclusivement sur l’enseignement, ses contenus, ses méthodes, ses horaires, ses évaluations et validations.

EDFS007« […] aucune définition officielle de ce qu’est l’éducation n’a été intégrée dans l’appareil législatif français, et le nom éducation, s’il est présent un peu plus d’une centaine de fois dans les différents codes n’est le plus souvent que complément de  nom  (Ministère ou Ministre de l’éducation, conseiller d’éducation, allocation d’éducation). L’éducation, comme action d’éduquer n’est véritablement présente que dans le Code civil, en tant qu’obligation imposée aux parents, mais accompagnée du substantif « contribution », qui renvoie principalement aux aspects financiers.  » P.8

La réflexion porte  aussi bien sur les situations analysées que sur les sources disponibles pour le faire. Les informations sur le fonctionnement des lieux d’enseignement sont rares : locaux disponibles et ressources humaines ne sont précisés qu’à l’échelle des académies et aucune source ne renseigne sur les méthodes utilisées :

« [les] données indispensables à la gestion, à l’organisation du système éducatif ont l’inconvénient de n’éclairer quasi-exclusivement que la position des élèves et leur trajet d’une position à l’autre. À l’exception des enquêtes sur panel, aucun document ne permet de reconstituer les parcours scolaires et encore moins de connaître les raisons et les modalités de choix des élèves, des parents ou des enseignants lors des prises de décision. Par exemple, seules deux des cent quarante-neuf notes d’informations, publiées de 2017 à 2020 par la Direction de l’Évaluation de la Prospective et de la Performance, concernent les représentations qu’élèves et enseignants ont de la vie des établissements » P. 19

EDFS008 Les stratégies de choix de l’établissement ou de l’école, y compris selon le secteur d’enseignement, comme beaucoup d’indicateurs ne peuvent être analysées qu’en considérant les élèves comme des individus dont la fratrie n’est pas caractérisée.

« En septembre 2020 […] 162 000 élèves sont passés du public au privé et 115 000 ont fait la démarche inverse […soit] environ 3% des élèves du public [qui] entrent dans le privé et 10% d’élèves du privé qui font l’inverse. » p.91

L’école reste globalement un service de reproduction sociale à l’identique

« Les parents des groupes favorisés programment et facilitent l’accès de leurs enfants aux formations les plus valorisées grâce aux ressources dont ils disposent : leur bonne connaissance du système éducatif et de son fonctionnement, la proximité culturelle qu’ils entretiennent avec les normes scolaires, la possession de ressources sociales et économiques nécessaires au financement des études longues et leur entre-soi dans des espaces résidentiels homogènes propices à la constitution de de secteurs scolaires sans problème. Leurs capitaux symbolique, économique, social et culturel contribuent à la définition de projets ambitieux. Les parents des groupes les moins favorisés, comme les enfants ne disposent pas d’autant de modèles et ne développent pas les mêmes ambitions, les conditions matérielles de vie ne favorisent pas les études. Pour d’autres parents des catégories intermédiaires, le souci est d’éviter le déclassement de leurs enfants, mais sans disposer des ressources suffisantes pour la mise en œuvre de stratégies de placement. » p.141